Revitalisation du centre-ville
National
2023

Stratégie de revitalisation – la place du piéton dans nos centres-bourgs

Crédits : mairie de La Mure

Vous trouverez une version PDF de cet article en bas de cette page.

« La marche est à la fois un mode de déplacement à part entière et le liant qui rend possible l’intermodalité (l’utilisation de plusieurs modes de déplacement lors d’un même trajet). »

(Cf. Rapport de l’ADEME, à pied d’œuvre – mettre les piétons au cœur de la fabrique des espaces publics, 2022)

Les initiatives de piétonnisation temporaire ou définitive fleurissent dans les centres-bourgs, redéfinissant leurs usages.  

Certains Villages étapes intègrent cette démarche à l’aménagement de leurs territoires, non pas sans prudence et appréhension. En effet, les changements d’usages de l’espace public peuvent entraîner des conflits, notamment entre commerçants et élus et/ou entre piétons et automobilistes. Mais alors, pourquoi créer ses espaces dédiés aux piétons ? Comment trouver un équilibre avec la voiture ?

Fondé par la Fédération Française de Randonnée, ainsi que par les associations 60 Millions de piétons et Rue de l’Avenir, le collectif « Place aux piétons » œuvre pour la valorisation de la marche dans nos quotidiens. Ce collectif a, par ailleurs, mené une consultation publique en partenariat avec l’ADEME de décembre 2020 à mars 2021, donnant lieu au premier baromètre des villes marchables avec près de 70 000 participants.

La voiture reste aujourd’hui le moyen de déplacement privilégié des Français, notamment dans les territoires à dominante rurale, d’autant plus que l’étalement urbain a augmenté la distance avec les centres-villes. Ainsi, les centres-bourgs sont marqués par l’influence de l’automobile avec des rues commerçantes traversées par des routes et de nombreuses places de parking présentes.

Toutefois, la marche est le deuxième mode de déplacement au niveau national et est en progression depuis 11 ans, même dans les territoires ruraux. (Cf. figure 1)

Figure 1 : Graphique sur les différents modes de déplacement en fonction de la typologie de territoires

Source : Baromètre des villes marchables, par la Fédération Française de la Randonnée Pédestre, Résultats d’une consultation publique menée du 7 décembre 2020 au 15 mars 2021 accessible à l’ensemble des Français.

Valoriser la place des piétons dans l’espace public, c’est permettre à leur fonction « mobile » (leur capacité à effectuer des trajets en reliant les territoires et les modes de déplacement) et à leur fonction « sociale » (leur capacité à créer des rencontres, consommer) de coexister et de créer des dynamiques vertueuses. Et d’ainsi dépasser la fonction circulatoire de l’espace public auquel il a longtemps été limité.

De manière concrète, les attentes prioritaires pour améliorer l’usage de la marche sont les suivantes :

1. Aménager des trottoirs plus larges, bien entretenus, sécurisés et sans obstacles, poteaux, poubelles, panneaux, terrasses, étalages … (41%)

2. Réserver les trottoirs aux déplacements à pied (30%)

3. Verbaliser davantage le stationnement des véhicules motorisés sur les passages piétons et les trottoirs (28%)

4. Modérer la vitesse des véhicules automobiles en ville pour la sécurité des piétons (27%)

5. Constituer un réseau complet de cheminements piétons dans la ville, traiter les points noirs et les coupures urbaines (25%) – Cf. baromètre des villes marchables.

L’étude des résultats de cette consultation publique amène au constat suivant : la marche s’affirme de plus en plus comme un mode de déplacement à part entière et les piétons souhaitent que leurs attentes soient prises en compte par les aménageurs de l’espace public.

« Alors que la marche, première des mobilités actives en France, s’affirme au cœur des enjeux de santé publique, de changement climatique, de mobilités, de tourisme et de vitalité sociale et économique des centres villes, le piéton demande à être davantage pris en compte dans les politiques publiques, territoriales et nationales. »

(Cf. Baromètre des villes marchables, par la Fédération Française de la Randonnée Pédestre, Résultats d’une consultation publique menée du 7 décembre 2020 au 15 mars 2021 accessible à l’ensemble des Français)

C’est dans ce contexte-là, que de multiples collectivités entreprennent de valoriser la place du piéton dans leurs centres-bourgs, en concertation avec leurs commerçants et leurs habitants. Ce choix est souvent motivé par une stratégie de revitalisation du centre-bourg avec pour objectif premier de lutter contre la désertification des centres et la vacance commerciale.

Ce réaménagement ne peut se faire qu’en englobant les besoins de tous les usagers (automobilistes, piétons, commerçants …). Commence alors un rôle d’équilibriste pour l’aménageur entre : un cœur de village piéton, l’aménagement de terrasses (Cf. figure 2), des places de stationnements (payantes et/ou gratuites) à proximité des commerces, des changements d’usages de certaines voiries, donnant lieu à un partage de la voirie urbaine.  

Figure 2 : illustration sur la « multiplicité d’usages sur un même espace »

Source : Partage temporel – Un outil d’optimisation des voiries et espaces publics, CEREMA, Les dossiers, avril 2023.

Quelle signalétique directionnelle pour le piéton ?

Pour développer la marche comme un mode de déplacement « comme les autres », il convient de lui accorder les mêmes aménagements (en termes de sécurité et d’attractivité) et cela passe notamment par une signalétique adaptée aux piétons. L’orientation et le temps de trajet sont les deux grandes indications qui ont été démocratisées dans les années 2010 par l’Institut national de Prévention et d’Education pour la Santé (INPES).

Toutefois, ces éléments d’indications sont à adapter à la taille du centre-bourg, une ville avec une rue principale commerçante n’aura pas les mêmes besoins qu’une ville avec un centre commerçant étalé. Réaliser une marche sensible dans les rues de son centre-bourg peut être une méthode adaptée pour réaliser un diagnostic et identifier les pistes d’amélioration.

-> Pour en savoir plus : https://www.institutparisregion.fr/nos-travaux/publications/la-marche-sensible-un-diagnostic-en-mouvement/

Le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA) a également publié une étude à ce sujet, en 2018. Celle-ci permet de mettre en lumière la multiplicité des secteurs touchés par la piétonnisation de nos centres-bourgs :

« En œuvrant pour la promotion de la marche, les collectivités poursuivent un enjeu majeur. Individuel, car il permet à une grande majorité de citoyens de se déplacer et accéder aux aménités urbaines ou rurales, et sociétales en produisant des espaces publics apaisés et accessibles »

(Cf. Cœur de villes et villages accessibles à tous, Recueil de belles pratiques, CEREMA, 2018)

Ainsi, au-delà de l’aspect commercial et économique qui peut être le moteur de la démarche, piétonniser temporairement ou de façon permanente certaines rues, impacte de manière systémique l’espace public en touchant des domaines tels que l’accessibilité, le développement durable, la santé publique etc.


Des cas concrets dans le réseau français et québécois :

📸 Crédits photo : Mairie de La Mure

Pour aller plus loin :

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